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Poéticales à Abidjan, Côte d’Ivoire Poésie et migrations

Autoria: Marie-Rose Abomo-Mvondo Maurin

24/12/2024 08h02 Atualizada há 4 semanas
Por: Redação
Professora Marie-Rose Abomo-Mvondo Maurin
Professora Marie-Rose Abomo-Mvondo Maurin

Pas comme les oiseaux migrateurs

Souvent, j'avais observé les oiseaux migrateurs volant au-dessus des grands arbres de ma forêt équatoriale.

J'observais leur vol et je les suppliais de m'amener au loin, très loin de cette forêt équatoriale, en alléguant qu'elle m'étouffait.

J'observais ces oiseaux qui volaient en bandes, bandes souvent épaisses, qui, de temps en temps couvraient le ciel. Leur vol était merveilleux, libre et majestueux.

J'étais alors assise sur un banc, dans la cuisine de ma mère, rêvant, souhaitant être comme ces oiseaux qui avaient la liberté d'aller et venir, les suppliant de me prêter leurs ailes, afin d’être comme eux, libre de voler vers l’ailleurs.

Déjà toute petite, l'envie de partir assaillait.

Par moments, j'allais également m'asseoir sur la grosse pierre qui émergeait de l'eau, dans la rivière qui coulait non loin de la maison.

J'observais la liberté des poissons qui allaient et venaient, avec une aisance que l'être humain ne pourrait jamais avoir.

Je ne savais pas nager à cette époque. Et même si j'avais su nager, je n'aurais pas eu forcément cette agilité et cette élégance qu'avaient les petits poissons.

Je suis née au milieu des terres. Je suis née loin des océans et des mers. Et le ciel où volaient les oiseaux migrateurs était si haut.

 La forêt m'étouffait. Cette forêt, je la cherche maintenant dans les départements de France. Mais, celles d’ici ne ressemblent pas à celle de mon pays de l’enfance. Elles ont la même taille et les arbres ont perdu la majesté sublime de ma forêt.

Comme les oiseaux migrateurs qui vont et viennent, j'ai changé de pays, j'ai changé de région, j'ai changé de vie. La nouvelle forêt ne me parle plus.

J'ai migré comme ces oiseaux qui passaient au-dessus des grands arbres de la forêt.

J'ai migré comme ces poissons qui quittaient la petite rivière, non loin de notre habitation, pour se déverser dans le fleuve, du fleuve pour se jeter dans l'Océan.

L'envie partir était si forte, si prégnante, que je ne pensais pas aux obstacles ni à de possibles regrets.

L'école nous avait habitué à parler de l'ailleurs, à étudier les paysages d'ailleurs, à naviguer à distance dans les lacs et cours d'eau de l'ailleurs. La France était le pays de nos ancêtres, les Gaulois. Ceux des villages de notre enfance n’étaient pas des vrais. Les livres ont suscité l’envie de l’ailleurs.

Cet ailleurs de « nos ancêtres gaulois », malgré les indépendances des pays dans lesquels nous sommes nés, très jeune déjà, nous empêchait d'avoir les pieds sur la terre nationale, la terre de l’enfance, pour d’abord dans le rêve de l’ailleurs, puis dans le pays des « vrais ancêtres ».

Très jeune déjà, sans que je puisse mettre les mots sur ce que je ressentais et sur ce que j'avais envie de faire, j'étais déjà une immigrée. Mais, ce que je ne savais pas, c'est que dans le pays de mes vrais ancêtres, on dira que je suis issue de l'immigration.

Les oiseaux migrateurs volent aussi vers l'ailleurs, ils n’ont pas de bagages. Moi, je devais recommencer toute une existence. Les poissons de ma rivière du pays natal n’emportaient pas de bagages en allant vers la mer, Moi je devais avoir un bagage : la langue française, polie et correcte.

Ce qui m'attendait dans cet ailleurs était si différent de ma forêt équatoriale. Je devais apprendre à parler autrement, à m'exprimer autrement, à revoir mon vocabulaire autrement, à supporter d'autres climats. On n’a pas prévenue que j’avais cessé d’avoir pour ancêtres les Gaulois.

Ce qui m'attendait encore dans cet ailleurs, c'est d'apprendre à vivre comme une étrangère dans un pays qui, finalement, n'est pas le mien, mais qu'il fallait conquérir, comme je devais conquérir celles et ceux de mon entourage.

Oui, je n’étais plus chez moi : mon nouveau pays s’appelait « Pays d'accueil ». Ce n’était plus le pays du cœur. Qu’on le dise : les ancêtres africains de la forêt équatoriale, au-dessus de laquelle volaient les oiseaux migrateurs venus du continent où vivaient les Gaulois, n’ont jamais rien exigé à ceux et celles qui arrivaient chez eux. Ils n’étaient pas, eux, des migrants.

Ce qui m'attendait, c'était aussi de toujours mieux faire que les autres, de faire trois fois mieux ce que l'on demande.

J’ai compris : vivre la migration, c'est vivre autrement, avec ceux qu'on rencontre, avec ceux qui vivent la migration comme moi. Les ancêtres gaulois font partie de la liste des mensonges inculqués aux pays des déserts, des savanes, de la forêt équatoriale.

Mais faut-il combattre ? Faut-il pleurer ? Trop tard !

Je ne peux pas faire comme les oiseaux migrateurs qui évoluent au-dessus des arbres de la forêt équatoriale, qui partent et changent de continents suivant les saisons. Ils n’ont pas besoin de passeport. Ils ne prennent pas de bagages. Ils n'ont pas besoin de changer leur façon de parler.

Moi, je suis une émigrée, je dois me battre. Je ne suis pas un oiseau ni un poisson. Je dois toujours suivre les règles et les lois du pays d’accueil. Je dois parler avec le bon accent pour plaire.

Oui, j’ai compris : toute migration est un sport de haut niveau, une grande lutte, qui change de forme et de règles suivant les périodes, suivant les régions.

Les oiseaux migrateurs au-dessus des arbres ont une liberté que l'être humain ne peut pas avoir.

Peut-on réprimander celles et ceux qui rêvent du voyage migratoire ?

Peut-on conseiller à celle ou celui qui a décidé de prendre la route de l'émigration de renoncer à son rêve ?

Les oiseaux migrateurs sillonnent toujours nos ciels. Leur vol est toujours merveilleux, majestueux et légers. Ils n’ont aucun compte à rendre aux régions qu’ils traversent.

Marie-Rose Abomo-Maurin, ce 05.11.202.

 

 

Nascida na República de Camarões, MARIE-ROSE ABOMO- MVONDO MAURIN é mais um exemplo de imigração saudável: vai para a França, onde faz seus estudos de pós-graduação e obtém a cidadania francesa. Aposenta-se como professora de Língua e Literatura francesas. Dirige dissertações e teses tanto na França quanto em Camarões. Participa de grupos de pesquisa internacionais, inclusive no Brasil onde contribuiu para a consolidação dos laboratórios de pesquisa Núcleo de Estudos Canadenses e CELCFAAM-Centro de Estudos em Literaturas e Culturas franco-americanas/UEFS.  Contista, romancista, poeta, Marie-Rose também é ensaísta e organizadora de coletâneasde ensaios  na Editora francesa L’Harmattan. Dentre suas últimas produções estão:

 

2011 : (en co-direction avec Christiane Albert, Xavier Garnier, Gisèle Prignitz, Collectif), Littératures africaines et territoires, Paris, Karthala.

2011 : Poéticasda alteridade, Humberto Luiz Lima Oliveira (organizadores).

2012 : L’Écriture du politique dans le roman camerounais, Paris, L’Harmattan.

2013 : (co-direction avec Alice Delphine Tang), La littérature camerounaise depuis la réunification (1961-2011) : Mutations, tendances et perspectives, Paris, L’Harmattan.

2015 : (co-direction), Terre noire et Afritude : Jacques Fame Ndongo et l’écriture d’une poétique de la passion, Paris, l’Harmattan, Coll. Littératures et cultures afro-américaines.

2015 : Terres d’exil, terres d’accueil : Identités ; Terras de exilio, terras de acolhida : identidades, Marie-Rose Abomo-Maurin, Humberto Luiz Lima de Olivera et Christian Mbarga (dir), Paris, L’Harmattan.

2015 : (co-direction), La Femme dans la littérature orale africaine, persistance des clichés ou perception de la modernité ? Paris, l’Harmattan, Coll. Littératures et cultures afro-américaines.

2018 : (co-direction), Littérature et réalité, regards croisés, Paris, L’Harmattan. 

2020 : Le Roman camerounais de la forêt : de 1960 à 1990 : l’être humain et son environnement, Fredericton, Les Éditions du Channel, 2020.

2021 : Le Partage en question, Humberto Luiz Lima de Olivera, Robert Ayaovi Xolali Mounouni-Agboke, Paris, L’Harmathan. 

2024 : Marie-Rose Abomo-Maurin  et Jean-Paul Kpatcha (Sous la direction de)

Le Pagne africain : Discours syboliques, Paris, l’Harmattan.


Œuvres de fiction et poésie

 

1990 : La Lettre, support radiophonique. 

2006 : Minkul mi nlem : épines de mon cœur, Yaoundé, Éditions de la Ronde (poésie) ;  

2007 : (avec Jean-Claude Awono, dir.), Bouquet de cendre, Anthologie de la poésie féminine camerounaise d’expression française, Yaoundé, Ifrikya ; 

2010 : Des Prénoms comme un chapelet de cauchemars (nouvelles), Yaoundé, Ifrikya ;

2010 : Le Secret de la maison de briques (roman), Paris, l’Harmattan ; 

2011 : Poème : "La Journée Internationale de la Femme", http://associationacf.over-blog.com/article-poeme-la-journee-de-la-femme-de-marie-rose-abomo-maurin-69509957.html  (en attente du recueil des textes sur la Journée Internationale de femme de 2011 à 2023 en ce moment chez l’éditeur) ; 

2014 : Cette Humanité qui hurle hors de nos pores de notre peau (poésie), Paris, L’Harmattan ;

2015 : (avec Alice Delphine Tang), Contes Basa et bulu du Cameroun, Paris, L’hamattan ;

2016 : (avec Jean-Marc Scheider, dir.), « Le Bien-vivre ensemble à Orléans la Source », 14 textes pour le dire, Paris, l’Harmattan ; 

2018 : Journée Internationale de la Femme, Hommage à Lilyan Kesteloot, « Que résonnent balafons, ayanga, youyous et kora », https://d.facebook.com/assoMam, in Paroles de femmes, mots de femmes (poésie) ;

2018 : (avec Jacqueline Ngo-Manyim-Ateba, dir.), Paroles de femmes, mots de femmes (poésie), Paris, L’Harmattan. 

2018 : Mimbiase mi bulu/Les Jumeaux boulou, Rites et coutumes des pays Boulou. Texte revu et annoté par Marie-Rose Abomo-Maurin, Paris, l’Harmattan. 

2021 : La Fin de l’immuable, sous le pseudo Ngono Aba, Fredericton, Les Edition du Channel.

2021 : La Grand-mère, cette femme éternelle, en collaboration, Paris, l’Harmattan.

2022 : En toute confidence (poésie), Paris, Les Impliqués Edition. 

2023 : Journées internationales des droits des femmes 2011-2023, Paris, Les Impliqués Editions…

 

6. Activités éditoriales 

Je suis membre des comités scientifiques, de conseils éditoriaux, je participe et organise également, depuis longtemps,  des colloques, de journées d’études. En ce moment, avec mon équipe, nous préparons un colloque sur le colorisme en Côte d’Ivoire pour novembre 2025. Membre de congrès ou de sociétés savantes à travers les continents européen, africain et américain (Brésil), je réponds aux invitations qui me sont faites.

 

7. Expertises scientifiques et autres

Experte AUF (Agence universitaire de la francophonie), j’ai également été responsable des littératures francophones des Suds, pendant 3 ans

 

8. Prix littéraires et récompenses

2011 – Prix Kadima de la traduction, décerné par l’Agence Internationale de la Francophonie.

2012 – Prix littéraire pour la Journée Internationale de la Femme (Yaoundé)

2012 – Chevalière dans l’Ordre des Palmes académiques.

 



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